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Je suis photographe de voile

Je n’ai jamais été un vrai navigateur, mais j’ai toujours été bercé par le monde de la mer.

Je me souviens des week-end au salon nautique avec les amis des parents, les sandwichs que l’on mangeait assis dans les couloirs du Hall 2, les vendredis soirs avec Thalassa, les discussions évoquant Yves Parlier, Alain Gauthier, Florence Arthaud, etc… Les stages de voiles, les croisières pendant les vacances d’été, les entrainements d’hiver au Havre ou à Cherbourg… J’ai donc grandi dans un univers où la voile est très présent, et cela a son importance.

Parallèlement à cela, mon père et mon frère pratiquaient la photo, avec un boitier argentique. Grâce à eux, petit à petit, j’ai appris à utiliser ce boitier, comprendre les réglages, composer une image, gâcher des pellicules, développer les photos, …. Ce que j’appréciais le plus, c’était de prendre des expressions, des moments de vie, des instants non figés, de l’action.

Je n’ai jamais arrêté de m’intéresser à la voile, ainsi qu’à la photo, mais j’en faisais trop, je m’éparpillais, je n’avais pas de fil conducteur sur mes photos… Mariages, architectures, paysages, portraits, bateaux, …. C’était trop !

En 2013, je décide donc de me recentrer sur la prise de photos de bateaux, notamment avec un premier vrai contrat : Les 50 ans du Muscadet, à Lorient. Le concept est simple : 2 jours de régates, 50 bateaux, 50 skippers pros. Je faisais donc mon entrée dans le monde des photographes de voiles… J’ai notamment croisé Yvan Zedda et Bernard Rubinstein, à qui j’ai écrit quelques jours plus tard pour lui demander des conseils et son avis sur mes photos.

Voici une partie de sa réponse :
« Bonjour,
Vous auriez dû venir me voir à Lorient d'autant que je ne suis pas un vrai photographe. Comprenez qu'en général, je suis plus rédacteur que photographe mais que pour certains évènements je fais les deux. Vos photos sont tout à fait correctes.
Je vais donc si vous le permettez, vous donner quelques conseils valables en toutes circonstances à suivre si possible dans le cadre de reportage tel que les 50 ans du Muscadet »

J’étais fou… comme un gamin à Noël, il m’avait répondu et me donnait des conseils… J’ai continué à échanger avec lui pendant plusieurs mois.

En 2016, année du Vendée Globe, habitant notamment Boulogne-Billancourt à cette époque, je décide de prendre contact avec Stéphane Le Diraison (Skipper de Boulogne-Billancourt). Nous nous rencontrons dans une brasserie, échangeons sur nos parcours perso et pro, et sur l’idée de pouvoir prendre des photos au départ du Vendée Globe. C’était OK !

C’est ainsi que mon aventure débute et que je suis depuis 4 ans Stéphane et sa team, du Vendée Globe 2016 au Vendée Globe 2020, en passant par la route du Rhum et la transat Jacques Vabres.

C’est assez particulier d’être photographe d’une team et d’un skipper. On doit toujours savoir où se placer pour ne pas gêner les manœuvres, se faire le plus discret possible pour ne pas déranger le skipper, savoir quand on peut le prendre en photo ou non, capturer les moments importants, être réactif, toujours disponible, etc… On rentre dans l’intimité de la team, on partage des moments durs, intenses, joyeux, fatiguant, mais tellement enrichissants et uniques ! De plus le fait de connaître la voile est un vrai atout… je me souviens d’une anecdote, lors du Vendée Globe, j’étais en train de prendre Stéphane en photo, qui discutait avec une personne. Un photographe vient me voir discrètement, et me demande :

- C’est qui ?
- C’est Alain Gautier qui parle avec Stéphane.
- Ah, il est connu ?
- Oui, c’est navigateur connu, etc…

Et là le photographe c’est mis à mitrailler à fond…J’en ai beaucoup des anecdotes comme celle-ci… des anecdotes de pontons ! Cette réflexion est identique lors des prises de photos à bord des zodiacs, savoir prendre en photo un bateau, avec le bon angle, protéger son matériel, être à l’aise sur l’eau par tout temps…. C’est vraiment là où je suis le mieux ! malgré le fait d’être dans une espèce de machine à laver… trempé, chahuté, bloqué, cassé…

Me ne demandez pas pourquoi, mais j’avais envie d’écrire cette partie de l’histoire…

Merci à Stéphane, Aurélie, Solène, Morgane, et ma famille.

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